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Fiche n°10 : Lutte des paysans

Depuis près de 50 ans, les agriculteurs des terres de Notre Dame des Landes sont aux premières lignes de la lutte contre le projet. Malgré les opérations de Vinci, leur résistance et celle des propriétaires reste forte. Onze exploitations refusent l’accord à l’amiable, parmi elles, cinq bloquent le cœur du projet sur 450 ha.

Les premiers opposants au projet d’un nouvel aéroport ont été les paysans : l’ADECA, Association de Défense des Exploitants Concernés par le projet d’Aéroport est créée en 1972. Les paysans de l’époque sont aujourd’hui à la retraite et ont pu faire toute leur carrière malgré un projet qui a toujours connu des hauts et des bas. Il n’y a pas eu d’abandon des terres et des exploitations car l’ADECA s’est battue  pour chaque installation. Sylvain Fresneau est l’actuel président de l’ADECA.

Toutes les organisations syndicales agricoles se sont prononcées contre ce projet, toutes sont scandalisées par la consommation de terres agricoles. Par contre,  toutes ne sont pas là, dans les mobilisations à Notre Dame des Landes. La Confédération Paysanne locale et départementale s’est toujours impliquée contre ce projet. Depuis 2012, les tracteurs se comptent par centaines (220 à 400) à chaque manifestation.

En 2011 se crée le COPAIN 44, Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport[1], en solidarité avec les paysans « irréductibles », mais aussi pour des raisons globales et sociétales. D’autres COPAINs sont nés depuis dans des départements proches. Ces collectifs ont montré leur engagement en encerclant avec 45 tracteurs le lieu reconstruit de La Châtaigneraie, puis  la ferme de Bellevue, menacée de destruction. Ils entendent bien pérenniser cette « ZAD - Zone d’Agriculture Durable » en créant des emplois  par des activités de maraîchage et d’élevage.

Résistance des propriétaires : sur 780 ha détenus par des propriétaires privés, seulement 142 ha (18%) ont été négociés à l’amiable, ce qui représente 16% (94/577) des propriétaires. Ce refus de vendre est dû à deux raisons : l’opposition au projet et le prix de 1600 € par ha, scandaleux au regard du projet d’aménagement et des  profits que Vinci escompte réaliser sur ces terres. Pourtant, Vinci a utilisé tous les moyens d’intimidation pour persuader les gens de vendre : « vous n’avez pas le choix », « vous irez devant le juge », « les frais d’avocats sont terribles  », appels téléphoniques répétés...

Résistance des agriculteurs : onze exploitations n’ont pas signé d’accord amiable, soit 19 personnes (source AGO). L’ordonnance d’expropriation de février 2012  concerne ces 11 exploitations. Le seul débat autorisé porte sur le montant du chèque qui leur serait fait. Une fois le chèque déposé à la caisse des dépôts et consignations, les agriculteurs sont considérés comme « squatters » de leurs propres terres, de leur siège d’exploitation, et de leur habitation.

5 exploitations, soit 9 personnes se situant au cœur de la zone (donc totalement ou  très impactées) constituent un ensemble bloquant de 450 ha environ. Ces exploitations sont expulsables dès 2013, mais sont normalement protégées par l’accord politique du 8 mai 2012, obtenu grâce à la grève de la faim de plusieurs opposants. Cet accord prévoit qu’exploitants et habitants de maisons avec titres à la date de la DUP (9 février 2008) ne seront pas expulsés tant que quatre recours déposés avant le 5 mai 2012 ne sont pas traités. Aujourd’hui, il  reste deux procédures en cours. Vinci a dit publiquement qu’il mettait ses juristes sur ces dossiers. Pour l’instant, les agriculteurs restent en place, continuent à cultiver les terres, y compris celles de leurs voisins qui sont partis. De manière individuelle, mais aussi collective, ils ne laisseront  pas les friches s’installer. La décision de janvier 2013 de la Cour de cassation permet un répit de 18 mois à deux ans sans expulsions, à compter de février 2013.

AGO-Vinci donne des statistiques fausses (« plus de 80 % d’accord à l’amiable »), car il intègre dans les achats amiables la surface très importante, 870 ha, acquise il y a 40 ans par le Conseil général de Loire-Atlantique et cédée (un euro symbolique) à AGO Vinci et les dossiers non retenus par le juge pour aller à un jugement d’expropriation du fait de défaut de procédure.

Depuis 2011, 29 accords « amiables » ont été obtenus par Vinci avec  des exploitants : proches de la retraite, soucis de santé, ayant choisi de prendre acte du projet, et parfois suite à de fortes pressions. Parmi les exploitations très impactées qui ont signé un accord amiable, aucune n’a recréé un siège, les personnes concernées ont pris leur retraite ou l’ont anticipée, et pour certaines, ont licencié des salariés.

En 1973, il y avait 43 maisons sur la ZAD ; quelle est la situation actuelle ?
-    6 ont été détruites avant 2008
-    13 en octobre et novembre 2012 (opération César)
-    1 en janvier 2013 (malgré la trêve demandée pendant  la commission de dialogue)

Il reste 8 maisons en instance de destruction et 15 en sursis car leurs habitants sont protégés par l’accord politique du 8 mai 2012.  
Les opposants et notamment le COPAIN (« Tracteurs vigilants ») s’engagent pour empêcher les destructions prévues (occupation de la ferme de Bellevue avec réinstallation d’un agriculteur depuis début  février 2013)

Les paysans emblématiques de cette lutte sont directement et totalement menacés, mais agissent autant pour la cause globale et collective face à un projet qu’ils estiment du passé, inutile et injuste, que pour la sauvegarde de leurs exploitations et lieux de vie. Sylvie anime le blog « Paroles de campagne » [2]

Avec l’opération policière, la vie s’est compliquée sérieusement :

  • destruction de maisons voisines,
  • circulation avec de longs détours,
  • forces de l’ordre envahissantes (camions sur les parkings privés, dans les entrées de ferme, sous l’auvent de la stabulation à vaches…)
  • barrières jamais refermées (courir plusieurs fois après des génisses)
  • rangées de clôture de barbelés et barrières coupées
  • fortes tensions 

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[1]  Confédération Paysanne, GAB, CIVAM, Terroirs44, Accueil Paysan, Manger Bio44
[2]  http://parolesdecampagne.blogspot.fr/
 
 

 

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